mardi 23 février 2010

868 - Miracle à Chartres

Ses pointes au coeur de la Beauce désignaient un ciel sombre. J'étais dans l'ombre, ne voyant que la nue chargée, les champs mornes, les étendues monotones. La cathédrale de Chartres, silhouette sinistre dans le lointain, affligeait mon âme pragmatique.

Les rigueurs de l'âpre saison ne m'inspiraient que tristesse. Autour de moi, l'espace : rien qu'un vide immense, un silence sans échos, des agitations dénuées de sens... L'absurde comédie des éléments où les nuages ne sont que fumée, les astres des points sans nom, l'horizon un chantier agricole arrosé par l'onde hivernale.

Et les oeuvres des hommes, des pierres vouées à la poussière.

Pourtant, front baissé, j'avançais vers les inutiles flèches. Qu'allais-je y chercher, moi l'impie ? La plaine peut-être avait la réponse : au fil de mes pas le vent ressemblait de plus en plus à un chant.

Confusément la clarté se fit en moi à mesure que j'approchais des géantes séculaires.

Le MYSTERE m'attirait vers la double flamme de pierre. Et plus les aiguilles gothiques grandissaient, plus ma conscience s'éveillait.

Enfin je fus au pied de l'édifice. Je pénétrai dans l'antre vaste et serein.

Dans ce lieu dense un feu couvait sous les ogives : le silence reflétait les profondeurs sidérales, les vitraux la musique des particules de la matière. Spirales galactiques et valse des molécules étaient immortalisées dans le minéral, interprétant l'impénétrable symphonie universelle.

Le bleu était poésie, le rouge était mélodie, le cercle était onde. Dans les vitraux, des papillons. Sous mes pieds, des constellations. Au-dessus de ma tête, l'incommensurable.

Le roc était vivant... J'ETAIS vivant ! L'alchimie des signes et des choses avait opéré sur mon être un miracle sans bruit. L'harmonie cosmique suggérée par l'architecture et les verrières avait ébranlé mes certitudes de matérialiste.

La pénombre de la cathédrale m'éclairait intérieurement : j'avais saisi la subtilité de l'invisible.

La magie des voûtes me retint longtemps dans ma méditation. Et tandis que je scrutais l'immensité cachée de ce qui m'entourait, le vaisseau immobile voguait vers l'éternité.

Depuis le fond de la plaine j'avais répondu à ses muets appels avant qu'il ne m'emporte à destination de l'infini dans un fracas qui n'est audible qu'à des oreilles initiées.

Et l'infini avait le visage de la lumière.

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lundi 8 février 2010

867 - La burqa : bête noire des moutons blancs

Que les beaux esprits qui me ressemblent réagissent avec fermeté par rapport au projet de loi relatif à l'interdiction du port de la burqa dans les lieux publics de notre pays !

Attention ! Danger ! A travers ce projet d'interdiction du port de la burqa, insidieusement la France entre dans un processus de frilosité risquant de déboucher sur une sclérose institutionnelle, pour ne pas dire sur une criminelle bêtise.

Je trouve que notre actuelle république commence à puer.

Après s'être lamentablement dévirilisée devant l'essor de l'esprit féministe et de ses valeurs aseptisantes, voilà que Marianne a trouvé un ennemi à sa portée : les femmes voilées.

Quel courage !

Les porteuses de voiles, de burqas (et autres signes d'appartenance à des valeurs religieuses différentes des nôtres) sont devenues les nouveaux boucs-émissaires de la république sarkoziste et de ses poltrons aboyeurs.

De quoi les Dupont ont-ils peur pour crier si fort leur haine de la burqa ?

Ils tremblent devant les musulmans de France qu'ils associent stupidement à de sanguinaires terroristes ou plus généralement à des êtres primaires et sauvages pétris d'obscurantisme...

En quoi la burqa (ce vêtement très digne de la femme musulmane qui se respecte) contrarie-t-elle les honnêtes citoyens de la France ? Nous sommes ici en pleine hystérie collective ! La république française est en train de lamentablement sombrer dans le racisme anti burqa.

A travers la peur de la burqa, les français ont tout simplement peur de l'autre. La différence, surtout quand elle est blanche, pure, monacale, ostentatoire, est toujours difficile à accepter. C'est humain, je peux certes le comprendre mais cela ne m'interdit pas de dénoncer cette lâche attitude.

Je trouve que les porteuses de burqa sont très courageuses pour oser prendre le risque de se confronter à la malveillance publique de certains citoyens français "bien intentionnés" quant à leurs motivations profondes... Ont-ils eux-mêmes conscience de la véritable cause qui les agite à ce point ? Les grands discours politiques qu'ils avancent ne sont que des excuses : comme c'est souvent le cas dans bien des domaines, sous maintes latitudes et à toutes les époques, les vraies raisons animant les anti burqa sont finalement beaucoup moins avouables... Il y a les raisons officielles : honorables, nuancées, policées...

Et puis il y a les autres raisons : tranchantes comme la vérité.

La burqa symbolise l'interdiction, l'oppression, l'injustice aux yeux des ignares, des gens simplistes, voire des dégénérés ivres de matérialisme, abreuvés de vulgarités, de films pornographiques, d'alcool, de drogues et d'autres licences qui les dévoient au lieu de les élever. Chaînes délétères de notre siècle qu'ils prennent pour le progrès de l'individu.

Tandis que pour les esprits encore sains la burqa symbolise la VERTU.

Là où notre république voit le mal, l'hérésie, la régression, certains aristocrates de mon espèce voient la beauté, la vérité, le progrès. Ne soyons pas naïfs : les intérêts de la république ne sont pas nécessairement ceux de la justice, de la raison ou de la morale.

Ce n'est pas parce que voiles et burqas sont devenus les ennemis soudains de la république qu'ils sont mes ennemis sur le plan personnel : je refuse de me laisser entraîner dans cette honteuse manipulation étatique.

L'intolérante république anti burqa sert la cause des xénophobes de tous bords : c'est du pain béni pour les racistes qui peuvent ainsi sous des dehors louables et en toute légalité exprimer leur haine raciale contre leurs frères à peau foncée !

Bref, les anti burqa, qu'ils soient racistes ou non, ont tout simplement peur de la VERTU et de ses expressions vestimentaires, associant stupidement leurs personnels actes de bassesse et de faiblesse au triomphe de la liberté individuelle sur la morale religieuse... La vraie liberté consiste évidemment à résister aux viles tentations, non à y succomber. Les femmes voilées sont libres, leurs détracteurs non : ils frémissent à l'idée qu'on leur interdise de continuer à descendre dans la fosse. La burqa symbolise ce qui les effraie par-dessus tout : la propreté morale. D'où l'origine -peu flatteuse- de leur virulence à l'égard de la burqa...

Déjà, nos curés ont ôté leur soutane pour prendre le métro : le symbole était devenu trop politiquement offensant pour cette république d'efféminés... Après avoir rendu les prêtres à la vie civile, vestimentairement parlant, on voudrait dévêtir publiquement les femmes voilées !

Personnellement je ne me sens nullement offensé par la vue de femmes portant la burqa. Ni même nié par ces dernières dans ma différence de français n'adoptant pas leurs moeurs et leur religion. Au contraire, je suis heureux de pouvoir voir des femmes voilées dans une ville de province française sans que cela ne provoque de lynchages publics. Les porteuses de burqa font preuve non seulement de courage, de dignité, mais encore de tolérance : je n'ai encore jamais vu ces femmes critiquer quelques unes de nos habitudes décadentes alors qu'elles seraient moralement en droit de le faire, en vertu de leur position spirituelle avancée.

France, pays de la liberté, qu'as-tu fait de ta tolérance ?

Je ne parle pas de tolérance pour le sexe, l'adultère, l'alcoolisme ou la décadence en tous genres mais de tolérance envers la VERTU.

S'attaquer aux symboles de vertu de la part de la république française, quel cynisme ! La grande, la belle, l'historique donneuse de leçons de vertu au monde entier aimerait aujourd'hui museler ses plus sincères apôtres professant sur ses propre terres...

Et moi qui croyais que France rimait avec tolérance, différence... Je m'aperçois malheureusement qu'elle rime aujourd'hui avec rance.

Oui, avec cette affaire de la burqa la France commence à puer la bêtise.

J'invite les porteuses de burqa à résister héroïquement à l'actuelle oppression républicaine, à continuer à faire preuve de courage, de noblesse afin de contrer les travers de cette société de plus en plus frileuse, lâche et intolérante !

Vive la burqa, vive la vertu, vive la liberté, vive la VRAIE république !