samedi 10 avril 2010

871 - Les femmes vénèrent les machos

Parce que le Ciel a voulu que la femme naisse sous le signe de la docilité, la femelle enchaînée aux lois âpres du mâle aime les injustices du sexe.

C'est ainsi que la femme sous le joug des plaisirs est naturellement soumise. Sa chair est faite pour être dominée, asservie, livrée aux crocs du loup, son souverain. La femme est la poupée de l'homme, ce seigneur-né, et elle le sait : elle trouve belle et bonne cette cruauté de l'hyménée.

Tout comme le jardinier sublime la nature en l'ordonnant, l'homme qui dispose de la femme peut à sa guise et selon ses caprices glorifier la nature d'une main de fer, guidé par son imagination, inspiré par les causes supérieures, principes divins qui ont placé l'homme sur un trône et la femme à ses pieds.

Les sots pensent que l'égalité des genres est naturelle et que la place d'Eve est à la droite de son époux. Cette égalité-là n'est point naturelle. Mais dans son immense sagesse Dieu a décidé que la femme chérira les bottes de son prince, et ce qui semble injuste aux yeux du citoyen, du savant, du législateur dénaturés par les artifices de la culture est infiniment juste et doux sous les clartés nuptiales du firmament.

Dans le secret de l'alcôve les grandes idées n'ont plus cours. Il n'y a plus de révolution quand triomphe l'hymen. La femme reprend sa véritable place à l'heure où tombent les masques.

La femme sincère vénère le macho. Au fond d'elle-même elle déteste sa nouvelle condition où l'a abandonné l'homme contemporain... Cette liberté-là aliène l'enfant de Vénus qui, fondamentalement, a besoin de sentir la force rugueuse de la virile écorce contre sa soie, le poids de la masculine autorité sur sa tête, la puissance phallique sonder ses flancs, l'éclat intellectuel dominer ses pensées, la voix rauque faire taire ses féminines protestations.

Et la délicieuse ortie de l'amour séduire son coeur.

La femme n'est désirable aux yeux de l'homme de bien que lorsqu'elle s'accorde à ses hauteurs à travers la parure digne et sobre de sa soumission innée : dévouement, obéissance, hommage au générateur de semence et porteur de sceptre sont les sentiments honnêtes de la femme face à son maître, tant dans la vie conjugale que dans l'aventure amoureuse.

Ce qui rend la femme infâme, vulgaire, détestable, bête et grotesque, c'est sa propension à vouloir singer le mâle dans ses divines attitudes... Et qui fait le gorille au lieu de faire l'humain.

L'amie de l'homme qui a su garder intacte l'intelligence de son sexe se soumettra avec d'autant plus de délices aux lois du dominant que ces dernières sont inspirées par les gênes et non par la norme.

vendredi 9 avril 2010

870 - Eloge de mon improductivité

Dans cette société obsédée par l'accès aux biens matériels revendiqué comme un droit, je suis heureux de ne rien produire.

Mieux : je suis satisfait de n'avoir pas à me soucier de ma subsistance. D'autres travaillent à ma place. Ils s'occupent de me nourrir pendant que je songe à élever leur esprit. Chacun est à sa place : les âmes primaires persuadées que la vie est avant tout matérialiste la passent à turbiner bêtement jusqu'à la retraite tandis que les improductifs évolués de mon espèce dénoncent l'inanité des activités de ces travailleurs matérialistes érigées en véritable religion par la masse laborieuse à laquelle ils s'identifient avec fierté.

Susciter l'irritation des productifs qui font vivre leurs critiques et pédagogues est salutaire : ce faux sentiment d'injustice provoqué dans leur âme de brute leur permet, petit à petit, de se rendre compte de la vanité des valeurs matérialistes auxquelles ils sont attachés, si dérisoires qu'elles sont raillées par ceux-là mêmes qui en bénéficient sans s'en être le moins du monde acquittés au prix de leur sueur. Ce qui révolte beaucoup ces petits esprits...

Loin de se prostituer aux hérésies du siècle, les vrais seigneurs piétinent le pain sacré de la plèbe qui les nourrit.

Le rôle du pasteur n'est pas de maintenir les ânes dans leurs illusions consuméristes mais de les faire sortir de leurs étables câblées sur les bouquets de chaînes de télévisons aux clartés frelatées pour leur montrer le soleil.

Je ne suis pas sur terre pour flatter mes bienfaiteurs borgnes et endormis mais au contraire pour leur ouvrir les yeux. Ils travaillent pour que je puisse manger et les critiquer ensuite, oui et alors ? Le travail n'est pas l'argument final de toute cause. Donner raison aux ânes simplement parce qu'ils sont attelés à la charrue, suent, peinent, se lèvent tôt, c'est comme donner raison aux limaces parce qu'elles bavent, aux idiots parce qu'ils sont heureux, aux alcooliques parce qu'ils chantent. Sous prétexte que ces bêtes de somme financent mon existence d'improductif je devrais les encourager à cultiver l'imbécillité ? Au contraire, en désacralisant leur pain qui me fait vivre je les invite à lever les yeux plus haut que leurs jours bornés par des considérations bancaires, alimentaires, syndicalistes ou socio-professionnelles.

Toute l'existence de ceux qui contribuent à me maintenir dans l'état glorieux de railleur improductif est vouée au travail. Leur but : devenir propriétaire d'une maison, passer une retraite sereine -si ce n'est sénile- se payer des vacances, constituer un héritage pour leurs enfants, etc.

Soit. Et après ?

Construire ou acquérir une maison, s'assurer une retraite aisée, offrir un héritage à la descendance, partir en voyages... Cela leur fait une belle jambe ! Rien que des choses temporelles.

Sont-ce là les richesses suprêmes de la vie humaine ? Oui s'offusqueront les equus asinus avides de foin.

Ces désirs aussi vulgaires seraient donc l'aboutissement de leur passage sur terre ? Quelle tristesse ! Quelle indigence ! Certes il est légitime d'aspirer à ces vanités car nous ne sommes pas des désincarnés et nous avons besoin de nourriture, d'un toit, d'eau, de chauffage, et même de nous amuser.

Mais miser sur ce qui est voué à la désintégration, réduire une vie à un lavabo, une croisière, un salaire, une marque de voiture, une habitation flatteuse, un tuyau de fibres optiques, n'est-ce pas se moquer de ceux qui, comme moi, vivent non POUR l'accès aux biens matériels issus du travail mais GRÂCE aux biens matériels issus du travail des autres ?

Je m'explique.

Le travail des autres à mon bénéfice est le prix à payer à leur "désabrutisssement". Par leurs efforts, leur courage au labeur, leurs sacrifices ils contribuent à m'épargner les vicissitudes et soucis liés à leur condition d'abrutis. En échange, je leur ouvre les portes de la vérité izarrienne. Ce qui est loin d'être une tâche aisée dans ce monde dominé par le culte du Veau d'Or... Bref, ils me nourrissent physiquement, je les nourris spirituellement. Tout se paye, tout se mérite en ce monde. Aux uns il sera demandé plus d'efforts qu'aux autres pour s'humaniser, s'élever selon leurs capacités à comprendre l'essentiel ou leur degré d'abrutissement... Cela peut sembler injuste mais c'est ainsi : nous ne sommes pas tous égaux devant l'intelligence.

Je mérite que me soient épargnées la peine et la perte de temps engendrées par travail, tandis que ceux que je tente d'éduquer payent leur ignorance, leur bêtise, ou plutôt payent leur difficile "apprentissage des hauteurs" au prix établi selon des critères non sottement arithmétiques mais hautement spirituels.

En vertu du fait que j'ose dire la vérité, ne succombant ni au mensonge, ni aux artifices, ni aux flatteries, refusant tout compromis avec l'époque, on me taxe de parasite. De fou. De fainéant.

Je suis comme le chardon qui pousse en plein champ, au milieu du passage, perçant le goudron, inutile, méprisé, isolé, menacé d'être arraché, considéré juste bon à être dévoré tout cru par les ânes qui ne songent qu'a remplir leur panse (il est bien connu que les ânes raffolent des chardons).

Jusqu'au jour où on s'aperçoit que le chardon que nul ne voulait nourrir a engendré une magnifique fleur.